Le Golfe rejette l'idée d'une action militaire contre l'Iran

Publié le par REPIN

Des pays du Golfe, inquiets du bras de fer entre Téhéran et Washington sur le nucléaire, ont exprimé leur hostilité à toute action militaire contre l'Iran à l'occasion d'une conférence régionale sur la sécurité dans le Golfe réunie samedi à Manama.

Malgré un rapport du Renseignement américain selon lequel l'Iran aurait arrêté en 2003 un programme secret pour fabriquer l'arme nucléaire, l'administration américaine a dit qu'elle continuait à se réserver l'option de recourir à la force pour contraindre l'Iran à stopper son programme nucléaire. "Nous voulons que le facteur militaire (du programme nucléaire de l'Iran) soit écarté", a déclaré le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG) Abdelrahmane al-Attiyah. "Nous sommes attachés au CCG à trouver des solutions qui favorisent la sécurité et la stabilité. Le dialogue est le moyen de régler la crise", a-t-il dit. "Nous ne sommes pas pour l'option militaire".

Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamed ben Jassem al-Thani, a été plus loin, appelant Washington à engager le dialogue avec Téhéran pour parvenir à une solution. "Engager des pourparlers directs ne signifie pas qu'il faut être d'accord (dès le départ) avec l'autre partie", a-t-il dit devant les participants à la conférence à Manama, dont le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. "Nous ne pourrons pas régler les problèmes en isolant l'Iran qui est un acteur très important" dans la région, a-t-il ajouté en défendant la décision du Qatar qui a invité le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à participer pour la première fois à un sommet du CCG, tenu cette semaine. Selon lui, il ne serait pas dans l'intérêt des pays du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Koweït) d'être "poussés dans une confrontation militaire avec l'Iran".

Pour Toby Dodge, un consultant du Proche-Orient à l'Institut international d'études stratégiques (IISS) qui organise le forum, les craintes du CCG d'une escalade militaire dans le Golfe sont justifiées. "L'Iran riposterait à toute action militaire (américaine) et la région du Golfe serait affectée. La stratégie (du CCG) consiste à soutenir une politique américaine efficace pour contenir l'Iran (sur le front nucléaire), mais sans action militaire", a-t-il dit. Mais selon lui, au delà de ses craintes du programme nucléaire iranien, le CCG s'inquiète des "ambitions de (Téhéran) d'exercer son hégémonie dans la région".

Mamoun Fandy, également un consultant de l'IISS pour la sécurité du Golfe, partage cet avis. Selon lui, les monarchies arabes du Golfe craignent une "domination de l'Iran sur la région". Le Premier ministre du Qatar a fait écho de ces craintes, en disant qu'"il est très important que personne ne cherche à dominer la région".
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